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07/11/2012

(K-Drama / SP) Re-Memory : en quête d'une reconstruction

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Après trois semaines consécutives passées au Japon, remettons le cap en Corée du Sud. En attendant quelques dramas nouveaux lancés au cours du mois, j'ai poursuivi mon exploration de la saison actuelle des dramas special de KBS. On y trouve décidément des genres très différents, même si je constate souvent que le format court (un peu plus d'une heure) sied sans doute plus à des human dramas - comme l'avait démontré The Temple (The Gate of Truth) en septembre - qu'à des fictions faisant des incursions dans le registre du thriller. Cependant, cette semaine, je me suis arrêtée cette semaine sur une fiction finalement assez intriguante : Re-Memory, scénarisée par Hwang Min Ah.

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Lee Yeong In travaille dans une galerie d'art. Si elle a longtemps dessiné, elle a depuis abandonné ses rêves de peinture. En effet, suite à un traumatisme, elle souffre d'un trouble rare, la prosopagnosie, qui l'empêche d'être capable de reconnaître les visages de ceux qu'elle croise. Evoluant sans repère au sein de la société, elle ne peut identifier visuellement les gens qu'elle rencontre, ses connaissances mêmes restant à jamais des étrangers pour ses yeux. Un soir, à la galerie, elle est prise à partie par un homme, dont elle assiste au meurtre. Choquée, elle essaie tant bien que mal d'aider la police dans ses investigations. Le détective Kang Ji Hoon se préoccupe tout particulièrement de son sort, pour ses propres raisons...

Plus que dans l'enquête qu'elle met en scène, c'est en réalité dans un autre registre, celui de la fiction d'ambiance introspective que Re-Memory retient l'attention. L'histoire est en effet l'occasion d'apporter un éclairage sur l'héroïne, sur les frustrations engendrées par sa condition particulière, mais aussi, à terme, sur la reconstruction nécessaire qu'elle doit entreprendre pour réapprendre à vivre et se dépasser. Son incapacité à mémoriser les traits de ceux avec qui elle parle font de ce qui l'entoure un troublant monde inconnu, encore plus inquiétant qu'il ne l'est réellement car elle ne peut y établir aucun repère. En plus de la placer à part, rendant toute socialisation impossible, ce trouble l'empêche véritablement de vivre. La barrière qu'elle a établie avec l'extérieur la rend en fait comme prisonnière de sa propre condition. Et l'évènement relaté dans ce drama special met en lumière toutes les limites qui l'enserrent.

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Cette exploration offerte autour du personnage central reste le principal attrait d'un drama special qui emprunte à différents autres registres familiers, ayant tendance à quelque peu se disperser au fil du récit, avec des enjeux assez mouvants : du simple policier d'enquête, on glisse ensuite vers l'idée de vengeance, en prenant même le temps d'une esquisse de relation qui s'établit entre l'héroïne et le policier. La brièveté du format oblige à rester succinct, parfois trop. Et sans doute le scénario ne fait pas preuve d'une maîtrise suffisante pour bien doser tous ces thèmes, laissant l'impression d'une superficialité d'ensemble sans vraiment être en mesure de s'approprier et d'exploiter toutes les idées. De plus, si l'ensemble reste intriguant et si la plupart des twists fonctionnent, il manque aussi une réelle tension à l'ensemble qui aurait permis à Re-Memory de s'épanouir dans un suspense que son histoire méritait. Une meilleure direction de l'histoire et hiérarchisation aurait sans doute donné un résultat plus abouti, et donc satisfaisant.

Sur la forme, si la réalisation donne une image qui apparaît un peu datée, un peu trop en retrait et posée peut-être. Cependant l'introduction est assez réussie grâce au choix de placer la caméra du point de vue de l'héroïne tandis qu'elle doit affonter le monde avec sa condition si frustrante : certaines scènes, surtout au début, ont quelque chose d'oppressant teinté de paranoïa - quand les visages apparaissent non reconnaissables y compris au téléspectateur qui assiste aux scènes du point de vue de Yeong In. Si le drama special n'aura pas vraiment exploré plus avant cette voie, il y avait là quelques idées intéressantes. Quant au casting, l'interprétation froide et toute en retenue de Cha Soo Yeon convient très bien à son rôle, jeune femme presque inaccessible à l'extérieur, qui s'efforce de malgré tout poursuivre sa vie. Face à elle, Kim Tae Hoon interprète le policier qui prend son affaire très à coeur et se rapproche d'elle pour des raisons qui lui sont propres. On retrouve également Kim Gyoo Cheol, Choi Moo In, Lee Mi So ou encore Nam Dong Jin.

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Bilan : Si Re-Memory aurait gagné à mieux identifier et hiérarchiser ses enjeux dès le départ, ce drama special reste une fiction expérimentale intéressante par sa volonté de dépasser la simple enquête policière, pour proposer une approche plus intime et psychologique d'une figure principale qui doit se reconstruire. Restant un peu trop superficiel dans sa façon de traiter ses thèmes pour pleinement satisfaire et manquant d'une tension qui aurait été bienvenue, l'ensemble laisse quelques regrets, mais reste cependant intriguant.


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce du drama :


22/06/2011

(K-Drama / Special) Wonderful Coffee : un portrait de femme touchant et naturel

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Cette semaine a été un peu plus calme dans mes programmations asiatiques. Il faut dire qu'après le choc White Christmas (dont je n'arrive toujours pas à arrêter de parler), il est bien difficile de revenir au quotidien "normal" des dramas en cours. Pour me changer les idées, j'ai fait quelques excursions du côté de Taïwan et de Hong Kong ce week-end, et je me suis aussi lancée dans un projet que j'envisageais depuis quelques mois déjà en Corée du Sud : jeter un oeil aux dramas special de KBS. Comme mon été s'annonce très chargé côté professionnel, j'avoue y voir aussi un moyen de garder la saveur du petit écran sud-coréen sans avoir à prendre trop d'engagement auprès de longs dramas (et disons que je n'ai pas non plus toujours le temps de consacrer autant d'heures à la rédaction d'une review comme le bilan de la semaine dernière).

J'ai déjà eu l'occasion de vous parler de ces cycles qui se rapprochent plutôt d'anthologies, avec des dramas special series, comme Rock Rock Rock ou, justement White Christmas. Mais on y trouve aussi des dramas special qui eux ne comporte qu'un seul épisode. Ce sont les articles d'Eclair et de Minalapinou qui avaient attiré mon attention sur ces derniers. Si je ne les reviewerai pas tous avec exhaustivité, j'ai quand même envie d'évoquer ceux qui auront retenu mon attention, d'une façon ou d'une autre. 

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C'est sur le troisième épisode de ce cycle que je vais m'arrêter aujourd'hui : Wonderful Coffee a été diffusé le 29 mai 2010 sur KBS2. S'il y aurait sans doute tout un article analytique à écrire sur les rapports fusionnels des dramas sud-coréens et de leur obsession l'art de faire du café, reste que ce simple mot inclus dans un titre résonnera toujours d'une façon particulière et chaleureuse aux oreilles du téléspectateur. La bonne nouvelle, c'est que Wonderful Coffee va savoir perpétuer cette diffuse magie de la boisson cafféiné.

Oh Jong est une mère de famille célibataire qui élève, seule, ses trois filles, chacun de ses enfants étant issus de différents pères. Si elle a l'habitude de cumuler les petits boulots, elle répond un jour à l'annonce d'un petit café. La grande amatrice de cette boisson qu'elle est se révèle vite des plus douées pour apprendre à concevoir les mélanges les plus rafinés. Oh Jong, d'un naturel enjoué et très social, prend également beaucoup de plaisir à intéragir avec ses clients. Elle parvient même peu à peu à faire s'ouvrir son si renfrogné patron, un ancien camarade d'école perdu de vue, Choi Chang, qui ne comprend pas grand chose aux relations humaines. Mais le parcours et les choix de vie d'Oh Jong demeurent une source d'exclusion sociale irréductible.

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Wonderful Coffee est un drama special d'un classicisme assumé dans le bon sens du terme, qui va s'avérer étonnamment rafraîchissant rafraîchissant. Si son histoire ne présente pas de prise de risque particulière, il émane de l'ensemble une douce authenticité, pleine de chaleur humaine, caractéristique d'une fiction qui parvient à retranscrire sans artifice un émotionnel auquel le téléspectateur ne va pas demeurer insensible. Le charme de l'épisode réside essentiellement dans le portrait de son personnage principal : son naturel sociable et optimiste s'entremêle avec les préoccupations plus poignantes d'une mère de famille célibataire qui partage pourtant les préoccupations des femmes de son âge sur sa vie future et amoureuse. On s'attache instinctivement à cette femme volontariste dont on va suivre, avec implication, l'évolution.

Touchante histoire humaine, Wonderful Coffee n'en demeure pas moins éprouvant à l'occasion. Ne se cantonnant pas à une simple déclinaison des ingrédients de la romance, elle n'hésite pas à aborder de manière directe des thématiques sociales parfois dures. Car Oh Jong n'est pas une énième trentenaire rêvant de prince charmant. Elle sait ce qu'est la vie. Elle a déjà connu trois mariages et est aussi une mère de famille qui doit être présente pour ses trois filles. Si le drama special effleure avec tact cette problématique plus intime de savoir si elle peut encore envisager une vie amoureuse et avoir le droit d'espérer un futur avec quelqu'un, c'est par son autre grande thématique qu'il va surtout marquer : la mise en scène de l'opprobre social sous lequel Oh Jong ploie sans rompre, lorsque sa situation personnelle est connue. Les petites humiliations quotidiennes sont autant de coups de poignard invisibles, une forme de violence sociale toute aussi dure à endurer.

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Si le personnage incarnant l'intérêt romantique de l'épisode correspond aux canons millimétrés du genre, c'est plus globalement l'atmosphère générale de ce drama special qui permet d'adhérer à l'histoire. Le café offre aussi quelques parenthèses traditionnelles, sur l'art de concevoir ces boissons arômatisées, à finalité folklorique - même si en l'occurence, le folklore étant français, cela donne surtout l'impression de renvoyer à un second degré involontaire qui prête à sourire (mais entendre prononcer quelques mots de français dans un drama est toujours sympathique). De plus, ce lieu est aussi un endroit de socialisation, où la volonté d'aller vers les autres d'Oh Jong trouve pleinement à s'exprimer.

Enfin, côté casting, Wonderful Coffee doit beaucoup à Yoon Hae Young (The Tale of Janghwa and Hongryeon) qui incarne, avec une spontanéité et un naturel rafraîchissants, le caractère enjoué et sociable de l'héroïne. A ses côtés, logiquement plus en retrait, on retrouve notamment Jo Yeon Woo (The Scarlet Letter) en patron forcément arrogant et peu versé dans le relationnel, Moon Hee Kyung (Harvest Villa, Giant) et Lee Han Na (Tazza).

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Bilan : Derrière la partition classique que joue Wonderful Coffee, le charme opère grâce à l'authenticité et à la fraîcheur qui se dégagent de l'ensemble. Plus qu'une simple romance potentielle, c'est un portrait touchant et authentique d'une femme qui demeure, en dépit des petites brimades quotidiennes, inébranlablement fidèle à ses principes et ses certitudes de vie. Une jolie histoire simple et sans ambition particulière qui se suit sans déplaisir.


NOTE : 6,25/10